Bruce Springsteen
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Episode 7 - Trouver un foyer : La paternité

Renegades : Born In The U.S.A.



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POTUS BARACK OBAMA: Que penses-tu avoir appris en étant père ? Nous avons un peu parlé du rôle de mari, mais...

BRUCE SPRINGSTEEN: Je sais que c'était dur d'être Président, mais laisse-moi t'expliquer comme c'est dur de faire un album [rires]

POTUS BARACK OBAMA: C'est très dur de faire un album.

BRUCE SPRINGSTEEN: C'est une blague stupide.

ENSEMBLE: [rires]

POTUS BARACK OBAMA: Écoute, faire un album...

BRUCE SPRINGSTEEN: Je t'ai eu pendant une minute. Je t'ai senti partir pendant une minute !

POTUS BARACK OBAMA: Faire un album, c'est très dur !

BRUCE SPRINGSTEEN: [rires]

POTUS BARACK OBAMA: Mais parfois, il semble qu'on s'amuse un peu.

BRUCE SPRINGSTEEN: [rires] Je pense aussi.

POTUS BARACK OBAMA: Un petit peu plus amusant. Qu'as-tu appris en étant père ?

BRUCE SPRINGSTEEN: En étant père... La chose la plus dure que j'ai eu à apprendre, c'était de rester tranquille. J'avais des habitudes que je ne voulais pas abandonner. Des vieilles habitudes de musicien. Il s'agissait surtout de mon agenda, que j'aimais suivre. J'aimais rester debout jusqu'à 3 ou 4 heures du matin, me lever à midi.

Et pendant les sept premières années de nos enfants, Patti a été... Elle me laissait faire. J'y arrivais, parce que les enfants étaient encore bébés, je m'en occupais donc la nuit.

POTUS BARACK OBAMA: D'accord.

BRUCE SPRINGSTEEN: S'ils pleuraient la nuit ou quelque chose de ce genre, j'étais réveillé. Et puis au petit matin, pendant ma grasse matinée, elle prenait le relais. Mais en grandissant, il y avait beaucoup plus de travail le matin que la nuit.

ENSEMBLE: [rires]

BRUCE SPRINGSTEEN: Et j'aimais plutôt ça. Et puis, elle est simplement venue me voir un jour et m'a dit, « Tu sais, tu n'es pas obligé de te lever. Mais si tu ne te lèves pas, c'est quelque chose qui te manquera ». Je lui ai répondu, « Qu'est-ce que tu veux dire ? »

« Et bien, les enfants sont sous leur meilleur jour le matin, c'est là où ils sont magnifiques. C'est lorsqu'ils se réveillent d'une nuit de rêves. C'est là qu'ils sont les plus beaux le matin et tu ne le verras jamais ». Ok, donc je me dis que je ne veux pas manquer ça [rires] Tu vois ?

Je lui ai donc dit, « Qu'est-ce que je vais faire ? » Elle m'a dit, « Tu vas faire le petit-déjeuner ». J'ai répondu, « Je ne sais rien faire [rires] Je sais seulement gratter cette satanée guitare » [rires] Essaye de me mettre n'importe où ailleurs et je suis bon à rien. Elle me dit, « Et bien, tu vas apprendre ». Je suis devenu assez bon. Je suis devenu assez bon avec les œufs. Je suis devenu assez bon avec... Comme je dis, je suis devenu un bon petit cuisinier. Si je devais trouver un boulot quelque part un jour, dans n'importe quelle cafétéria, de six heures à midi, je m'en sortirais.

POTUS BARACK OBAMA: [rires]

BRUCE SPRINGSTEEN: [rires] Tu sais... Et elle avait raison à propos des enfants. Si je les voyais le matin, c'était quasiment comme si je les avais vu toute la journée. Et si je les avais manqué le matin, je ne pouvais pas rattraper le temps perdu étrangement. C'était dans l'immédiateté.

Mais premièrement, je n'étais pas mon père, je n'avais pas à poursuivre ces fantômes ou à m'en m'inquiéter. C'était du passé. Et deuxièmement, c'est être présent dans ce monde, où que tu sois, à n'importe quel moment. Être présent dans leurs vies. J'avais l'habitude de me dire que... Si quelqu'un m'interrompait lorsque que j'écrivais, « C'est quoi, c'est quoi ce bordel ! Tu ne te rends pas compte des grandes pensées que j'ai en tête, là maintenant ? »

POTUS BARACK OBAMA: [rires] « C'est peut-être la plus grande chanson Américaine jamais écrite »

BRUCE SPRINGSTEEN: [rires] « C'est une probabilité ! »

POTUS BARACK OBAMA: « Tu n'avais pas à entrer ici »

BRUCE SPRINGSTEEN: « Je suis... Je suis... » J'ai donc commencé par là.

POTUS BARACK OBAMA: Oui.

BRUCE SPRINGSTEEN: [rires] Et où j'ai fini par réaliser, « Oh attends, attends... Les chansons, oui, oui. Une bonne chanson est là pour toujours. La musique est présente dans ma vie pour toujours. Les enfants - partent ».

POTUS BARACK OBAMA: Ils grandissent.

BRUCE SPRINGSTEEN: Ce sont donc ces premières choses que j'ai comprises sur la paternité.

POTUS BARACK OBAMA: Oui, mec.

BRUCE SPRINGSTEEN: Et toi ? Quelle est la plus grande leçon que tu as apprise en étant père ?

POTUS BARACK OBAMA: Tu sais... Michelle a compris bien avant moi que les enfants sont comme des plantes. Ils ont besoin de soleil, de terre, d'eau, mais certains sont des chênes, certains sont des pins, d'autres des saules et certains sont des bambous.

BRUCE SPRINGSTEEN: Mhmm.

POTUS BARACK OBAMA: Ces graines, leur personnalité, et leur cadence, et la façon dont ils vont éclore est juste unique, et leur rythme leur appartient. Je pense que je l'ai compris avec Malia et Sasha qu'il existait une façon de faire les choses, et Michelle l'avait compris avant moi, mais j'ai fini par apprendre que chacune est magique à sa façon. Elles étaient... Une graine va germer quand elle va germer [rires] Et une fleur va éclore quand elle va éclore.

BRUCE SPRINGSTEEN: Juste.

POTUS BARACK OBAMA: Et tu ne fais qu'accompagner cette éclosion, cet envol de leur personnalité, en étant à l'aise avec cette découverte, à l'opposé de sentiments où tu aurais... Comme si c'était un projet, tu vois ? Et parfois tu regardes, il y a une expression aujourd'hui, « parent hélicoptère », non ?

BRUCE SPRINGSTEEN: Oui.

POTUS BARACK OBAMA: Mais cette idée de te dire, « Ok, je l'aborde de la même façon que j'aborderais un PowerPoint [rires], un projet dont je dois vérifier chaque case... »

BRUCE SPRINGSTEEN: Juste.

POTUS BARACK OBAMA: « Je dois être... Lorsque mes enfants feront ceci, je ferais cela »

BRUCE SPRINGSTEEN: Oui.

POTUS BARACK OBAMA: « Et lorsqu'ils feront ceci... » Juste y penser, plutôt que de leur balancer des trucs, juste être avec eux, jouer avec eux, leur apprendre des valeurs. Tu sais... Nous étions bons pour dire aux filles des choses, du genre, « Nous n'allons pas t'embêter pour tes passages de niveau... »

BRUCE SPRINGSTEEN: Exactement.

POTUS BARACK OBAMA: « Mais nous allons t'embêter si tu ne fais pas les efforts nécessaires »

BRUCE SPRINGSTEEN: Absolument.

POTUS BARACK OBAMA: « Nous n'allons pas... Nous n'allons pas te donner du fil à retordre quand tu feras une erreur, mais nous allons te donner du fil à retordre si tu mens après avoir fait une erreur... »

BRUCE SPRINGSTEEN: Mhmm.

POTUS BARACK OBAMA: Ou... « Si tu as maltraité quelqu'un... » D'accord ? Tu vois, tu poses quelques barrières de sécurité autour...

BRUCE SPRINGSTEEN: Mhmm.

POTUS BARACK OBAMA: ...autour d'elles en terme de valeurs, mais sinon... Et je pense que c'était particulièrement important, parce qu'elles ont grandi à la Maison Blanche, elles avaient bien assez d'attentes et assez d'yeux rivés sur elles.

BRUCE SPRINGSTEEN: Mon Dieu [rires]

POTUS BARACK OBAMA: Tu sais, le Secret Service (3) les suivaient partout.

BRUCE SPRINGSTEEN: Oh mon Dieu, à cet âge-là aussi ?

POTUS BARACK OBAMA: Je me souviens... Ah lorsque Malia ou Sasha avaient un anniversaire, le Secret Service devait aller dans la maison de la famille qui invitait.

BRUCE SPRINGSTEEN: Oh mec.

POTUS BARACK OBAMA: Et tout vérifier.

BRUCE SPRINGSTEEN: [rires]

POTUS BARACK OBAMA: Et les pauvres parents, tu imagines. Nous faisions connaissance avec les parents, et nous leur disions, « Désolé pour l'intrusion ». Et lorsqu'elles allaient au centre commercial ou au cinéma, elles avaient quelqu'un...

BRUCE SPRINGSTEEN: Oh mec.

POTUS BARACK OBAMA: ...qui marchait derrière elles.

BRUCE SPRINGSTEEN: Elles ont géré ça avec tant de grâce.

POTUS BARACK OBAMA: C'est exact ! Et donc, étant donné le contexte, la dernière chose que je voulais faire, c'était de leur infliger l'idée qu'elles devaient être quelqu'un.

BRUCE SPRINGSTEEN: D'accord.

POTUS BARACK OBAMA: Plutôt qu'être elles-mêmes, tout simplement.

BRUCE SPRINGSTEEN: Mhmm.

POTUS BARACK OBAMA: Et je vois aujourd'hui cette assurance chez Malia et Sasha - dans leurs relations, elles ne vont pas se recroqueviller ou se taire, juste parce qu'elles craindraient qu'un garçon ne le supporte pas. Leur attitude est plutôt du genre, «  Oui, je suis comme ça. Et si ça ne te convient pas, on passe à autre chose ».

Dans notre société, trop souvent, on attend que ce soit la femme qui s'adapte. Et une des choses que je dis à mes amis plus jeunes, lorsqu'ils cherchent un conseil en matière de relations, c'est : « Écoute, être avec une femme forte et accomplie, qui sait ce qu'elle veut, et qui ne se voit pas juste comme une extension de toi, qui a ses propres ambitions, ses propres rêves, te demandera peut-être beaucoup plus d'efforts. Mais quand je vois mes filles aujourd'hui qui, avec la figure maternelle qu'elles ont eue, sont autonomes, indépendantes et solides, et qui ne s'autoriseront jamais à se mettre dans une situation où on pourrait profiter d'elles, parce que ce n'est pas ainsi qu'elles se voient en tant que femme, et bien je me dis que cet effort vaut le coup ».

Et d'ailleurs, j'ai appris avec Michelle ce qu'il fallait que je fasse pour que notre couple fonctionne, à partir du moment où j'ai vu grandir Malia et Sasha, parce qu'elles t'observent tout le temps. Elles voient la façon dont tu traites maman. Comment tu te comportes à la maison. Est-ce que tu lui laisses les corvées ou est-ce que tu participes ? Est-ce que tu respectes son temps à elle, ou est-ce que tu vaques à tes occupations et que tu l'obliges à s'adapter à toi ? Et parfois, quand je tâche de m'évaluer en tant que mari et père, je constate que j'ai encore tendance à retomber dans ces attitudes-là, et qui correspondent au cliché viril. 

BRUCE SPRINGSTEEN: C'est juste.

POTUS BARACK OBAMA: Et si j'avais eu un garçon, je pense que j'aurais été plus dur avec lui d'une certaine façon, et je me posais la question avec tes garçons, dans quelle mesure il fallait que tu sois conscient de cette différence-là.

BRUCE SPRINGSTEEN: Tu sais, j'ai appris que le mot important à la maison, c'était, « Non ». « Nous ne sortons pas de notre zone de confort. Nous ne parlons pas de nos sentiments de cette façon-là. Nous ne pleurons pas sur ces choses-là » Et j'ai réalisé très tôt que j'avais appris à mon fils aîné à dire non aux choses, aux choses dont il avait besoin. Et il était assez jeune, je me souviens lui parler... Il devait avoir 8 ou 9 ans, il était encore très jeune.

Je me souviens aller dans sa chambre un jour et lui dire, « Evan, je pense que je ne t'ai pas appris la bonne leçon, et j'aimerais m'excuser auprès de toi. Je pense que je t'ai appris à ne pas avoir besoin de moi, parce que j'avais peur des conséquences en tant que père. Et j'ai vraiment besoin de m'excuser pour ça, et j'ai besoin de te dire que j'ai besoin de toi. J'ai tant besoin de toi dans ma vie. De tout mon cœur, comme fils... Je voudrais essayer de me connecter à toi d'une manière différente de celle d'aujourd'hui ». Tu vois ? Et j'ai réalisé qu'il me faudrait beaucoup travailler.

Et donc lorsque je travaillais, plutôt que de dire, « Oh, je suis occupé avec mes grandioses pensées, je ne veux pas être dérangé... »

[La guitare électrique joue]

Je m'arrêtais à chaque fois qu'il entrait, ou à chaque fois qu'un des enfants entrait dans la pièce. J’arrêtais de travailler. La seule façon de leur apprendre que « non » n'était pas une réponse, a été de commencer à leur dire, « Oui. Oui. Oui. Oui. Oui. » Encore et encore et encore.

[La guitare électrique s'estompe]


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